Réinventer le traité de l'Élysée

Livre Blanc

Réinventer le traité de l'Élysée

Emmanuel and Angela signing

Un nouveau traité d'Aix-la-Chapelle multilatéral comme accélérateur de l'intégration européenne

Synthèse

Déjà trois ans

Il y a trois ans, le 22 janvier 2019, le traité d'Aix-la-Chapelle était signé par le président Macron et la chancelière Merkel. Il s'agissait de reconfirmer tout autant que d’écrire un nouveau chapitre du traité de l'Élysée qui fête ses 60 ans en 2023. 

Entre la signature du traité d’Aix-la-Chapelle et aujourd’hui la Covid a ravagé le monde, la crise climatique s’est faite sentir avec plus d’acuité et la guerre en Ukraine fait rage aux portes de l'Europe. Au plus fort de la pandémie, les fermetures des frontières et les instincts nationalistes n’ont fait qu’alimenter les extrémismes de tous bords. En 2019, parler d'un nouveau chapitre dans la coopération des deux pays aurait pu suffire, mais 2023 nous invite à être plus précis et à aller au-delà du seul symbole. Le seul maintien de liens étroits entre la France et l'Allemagne ne peut suffire à unir l'Europe ou, pire encore, à préserver l’union de l'Europe et à garantir une paix durable. Le traité de l'Élysée a été un immense succès. Cependant, en 2023, nous devrions considérer que sa mission principale a été accomplie, et il convient de définir un nouvel objectif : l'intégration européenne. Si nous devions commencer à écrire le nouveau chapitre du traité d'Aix-la-Chapelle aujourd'hui, il faudrait commencer par déclarer qu'il s'agit d'un traité multilatéral dont l'objectif est non seulement de pérenniser le couple franco-allemand et surtout de l'utiliser pour bâtir les fondations nécessaires au développement d'une société et d'une identité européennes. 

Un traité pour l’intégration européenne

Ce livre blanc développe l'idée d'un traité d'Aix-la-Chapelle multilatéral visant à favoriser l'intégration européenne en se fondant sur trois axes : 

  • Dans le domaine de l'éducation et de la culture, nous proposons la fusion des instituts culturels nationaux (Goethe Institut, Institut français, Istituto Italiano di Cultura etc.) pour créer un Institut Europa et pour qu'Arte devienne une chaîne de télévision européenne. Nous suggérons que l'enseignement de l'histoire soit rendu ludique et que les écoles dites « européennes » doivent passer du statut d'institutions anecdotiques à celui de norme. 

  • Dans le domaine de la coopération décentralisée, nous conseillons que les partenariats entre villes doivent faire rêver notre génération Z et nos milléniaux. De plus, ces partenariats doivent pénétrer bien plus loin en Europe de l'Est avec des municipalités qui devront davantage s’investir dans la promotion de leurs partenariats urbains. 

  • Dans le domaine de la coopération en matière de défense et de sécurité nous proposons d’aborder les questions de la responsabilité partagée de l'arsenal nucléaire français, de lancer une initiative commune d'acquisition et d'interopérabilité des dispositifs militaires ainsi que d’instaurer des unités conjointes de l’armée et de la société civile, dédiées aux secours en cas de catastrophe.

Toutes ces propositions devraient nourrir les discussions visant à favoriser l'intégration européenne entre les États membres, qui s'engageraient à faire avancer le projet européen selon une approche ascendante. L'unanimité entre les 27 États membres étant peu probable, ce document propose de créer des initiatives via un réseau d'États membres que les pays non participants pourraient éventuellement rejoindre, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle adoption et à une modification des traités européens. Au cours des 60 dernières années, l'Allemagne et la France ont donné de nombreux exemples positifs sous l'égide du traité de l'Élysée. Nous devrions profiter des 60 prochaines années pour étendre ces activités à toute l'Europe et faire de l'intégration européenne une priorité.

Table des matières

Introduction

I. Réseau Europa - La mise en réseau est le nouveau multilatéralisme

  • Mettre l'Europe en réseau

  • Un traité pour l'intégration européenne

  • Ajuster le traité d'Aix-la-Chapelle

II. Culture européenne - Faire grandir la culture et l'identité européennes

  • Institut Europa

  • Arte Europa

  • Enseigner l’histoire « à rebours »

  • L’europe ludique

  • Faire des écoles européennes la norme et non l'exception

III. Tissu Européen - Fabriquer le tissu social européen de demain

  • Connecter les villes

  • Aller à l'Est

  • Changer le nom d’un pont ne suffit pas

IV. Défense européenne - Définir les éléments constitutifs d'une politique de sécurité commune

  • La dissuasion nucléaire européenne

  • Un complexe militaro-industriel européen

  • Aide civile et militaire en cas de catastrophe

Conclusion

Introduction

Il y a 60 ans, le 22 janvier 1963, le président français Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer signaient le traité de l'Élysée, officialisant l'établissement de relations étroites entre deux pays dont l'histoire a été marquée par de nombreux conflits, guerres et rivalités. Les deux pays moteurs du projet européen ont décidé de tracer ensemble un chemin différent pour un avenir commun – un chemin de liens étroits et de coopérations sur un éventail de sujets allant des échanges culturels à la jeunesse en passant par la défense. Aujourd'hui, il est courant que les écoles des deux pays enseignent la langue du voisin et participent à des programmes d'échange avec des villes partenaires. ARTE promeut la culture française et allemande et dans les secteurs de la défense et de l'industrie, il suffit d’analyser l’exemple d’Airbus pour constater que la collaboration transfrontalière permet aux deux pays de rivaliser avec les concurrents mondiaux. Il n'est pas étonnant que le président Macron et la chancelière Merkel aient réaffirmé leur engagement en 2019 avec la signature du traité d'Aix-la-Chapelle. Depuis maintenant plus de 60 ans, la stabilité, la coopération et les échanges culturels se sont avérés bénéfique à long terme sur les sociétés et les économies des deux pays, nous rapprochant de nos voisins respectifs, apprenant les uns des autres et forgeant des amitiés pour effacer lentement les vieilles rivalités du passé.

Dans la santé aussi bien que dans la maladie

Cependant, tout n'est pas idyllique entre la France et l'Allemagne. Ni avec l'Europe, d'ailleurs. Les projets militaires communs tardent à décoller, l'apprentissage de la langue de l'autre tombe en désuétude et il devient évident que l'épine dorsale de nombreuses initiatives de la société civile est souvent la génération qui a encore en mémoire la dernière guerre et le fait d'être ennemis. Si nos jeunes n'ont pas ces souvenirs ou ces motivations, nous risquons de finir par parler une langue commune, mais de ne plus nous comprendre, car le temps ronge les fondements de nos liens sociaux et de notre compréhension mutuelle. Entraver le développement de ce projet bilatéral n'est pas nouveau – il suffit de penser au préambule qui a été ajouté a posteriori au traité de l’Élysée pour ne pas faire de la coopération franco-allemande un moteur de l'établissement de l'Europe comme acteur géopolitique. Mais quand la France lance de nouveaux partenariats comme le traité du Quirinal tandis que l'Allemagne courtise la Chine et que les deux pays ergotent sur leurs politiques énergétiques respectives, on peut se demander quel avenir se dessine pour les 60 prochaines années du traité d'Aix-la-Chapelle. En ces temps d’incertitude et sur fond de guerre en Ukraine, la France et l'Allemagne devraient plus que jamais être appelées à s'aligner étroitement et à faire avancer le projet européen.

Retour vers le futur

Nous devons donc nous demander quel est ce « nouveau chapitre » de la coopération franco-allemande, selon la formule utilisée par le président Macron pour qualifier le traité d'Aix-la-Chapelle en 2019. À quoi ressembleront les 60 prochaines années en Europe ? Le traité peut-il être le dénominateur commun qui tient le couple franco-allemand pour avancer ensemble et servir de futur axe de stabilité pour l'Europe dans un monde de plus en plus tumultueux ? Au lieu d'être un maillon faible, cette coopération peut-elle devenir une colonne vertébrale du projet européen en s'ouvrant à d'autres États membres désireux de contribuer aux fondamentaux définis il y a 60 ans ? Lorsque les traités européens et leur structuration empêchent le projet européen d'avancer, un changement de priorités et la transformation d'un traité bilatéral en accord multilatéral peuvent-ils être un moteur de l'intégration européenne et semer les graines d'une société européenne ?

Ce livre blanc explore l'idée d'un traité d'Aix-la-Chapelle multilatéral axé sur l'intégration européenne dans les principaux domaines couverts par les traités de l'Élysée et d'Aix-la-Chapelle : Éducation et culture, Jumelages et Défense. L'objectif de ce livre blanc est de nourrir les réflexions. Les propositions peuvent être considérées comme audacieuses ou clivantes, mais elles ont pour but d'initier des discussions sur la manière dont un « acquis » de plus de 60 ans ne devrait pas être dilapidé, mais plutôt utilisé comme un moyen de faire avancer les intérêts européens communs, bien au-delà des frontières françaises et allemandes.

Réseau Europa

La mise en réseau est le nouveau multilatéralisme

Si l'on considère le traité de l'Élysée comme un premier lien entre deux points d'un réseau couvrant l'Europe, il reste beaucoup à faire pour relier les États membres dans toutes les dimensions mentionnées par le traité. Le traité initial visait à stabiliser les relations entre la France et l'Allemagne. Un nouveau chapitre ouvrant un nouvel avenir du traité devrait stabiliser les relations à travers l'Europe en y invitant les États membres de l'Est et de l'Ouest désireux de coopérer et de faire avancer le projet européen. L'Europe à plusieurs vitesses a fait couler beaucoup d'encre avec de nombreux appels au changement et alertes sur l’urgence de la situation. Malgré cela, l’évolution des traités restant inimaginable et placée en deçà des intérêts nationaux, les mesures concrètes pour faire avancer le projet européen sont malheureusement absentes du discours politique. Les gouvernements recourent plutôt à des initiatives superflues, comme la Communauté politique européenne, pour apaiser les États voisins désireux de rejoindre le projet européen, tandis que les réformes internes nécessaires pour faire de l'Union des 27 une république européenne fédérale évolutive restent surtout des vœux pieux pour séduire l'électorat europhile. Comme tout engagement à faire avancer le projet européen requiert l'unanimité, l'Europe est plus ou moins figée tant que l’ensemble des 27 gouvernements au pouvoir ne sont pas pro-européens.

Mettre l'Europe en réseau

Construire une société européenne que tous les États membres voudront rejoindre

Il existe encore des moyens d'avancer. Les traités de l'Élysée et d'Aix-la-Chapelle offrent un cadre permettant à une coalition d'États membres volontaires d’établir des liens plus forts à travers le continent et de faire progresser l'intégration selon une approche ascendante. Leurs efforts et l'approfondissement de leur coopération peuvent ainsi servir de précurseur ou de modèle pour une éventuelle modification des traités. L'idée n'est pas de créer une seconde union au sein de l'Union européenne, mais de commencer à construire la société européenne dont tous les États membres voudront in fine faire partie, de la même manière que les pays cherchent aujourd'hui à rejoindre l'Union européenne pour des raisons économiques et de stabilité. Un tel projet a besoin de forces motrices : l'Allemagne et la France ayant démontré depuis 1963 comment un réseau à deux peut avoir un impact positif significatif sur plusieurs aspects, d'autres États membres se joignant à une initiative multilatérale et développant un réseau européen à travers le continent peuvent donner l'impulsion nécessaire pour faire avancer leur collaboration et aider à construire les liens dont l'Europe a besoin pour réussir. 

Un traité pour l'intégration européenne

Jeter les bases d'une croissance organique de la société européenne

Ce livre blanc propose donc de donner un nouveau sens à un traité d'Aix-la-Chapelle actualisé – au lieu de demeurer un traité bilatéral entre la France et l'Allemagne, il propose un traité multilatéral auquel l'Allemagne et la France pourront inviter d'autres États membres à participer. Et au lieu de continuer à chercher à obtenir des résultats marginaux en améliorant les liens et les relations entre la France et l'Allemagne, le traité devrait viser à faire progresser de manière significative l'intégration européenne – non pas en poussant à l'harmonisation de la législation dans les 27 États membres, mais en créant des liens plus forts entre les États participants, au niveau gouvernemental et de la société civile, et en favorisant la croissance d'une perspective européenne, qui a la possibilité d'évoluer à terme vers une identité européenne. L'Europe ne peut pas rester une institution éloignée de sa population. Pour que l'Europe compte, il faut qu'elle soit également reconnue comme un facteur qui compte au niveau national et local. Un traité d'Aix-la-Chapelle actualisé à l'occasion du 60ème anniversaire de l'Élysée devrait ainsi définir les conditions de la croissance organique d'une société européenne au cours des soixante années à venir.

Ajuster le traité d'Aix-la-Chapelle

Une extension du traité dans les limites du cadre existant

Le traité d'Aix-la-Chapelle de 2019 a été rédigé sur la base de l’article 5 du chapitre III du traité de l'Élysée, qui permet aux deux gouvernements d'apporter toutes les améliorations qui pourraient apparaître souhaitables pour l'application du présent traité. Le chapitre IV, article 25, du traité d'Aix-la-Chapelle permet quant à lui d'adapter les conseils, les structures et les instruments de la coopération franco-allemande après des révisions périodiques. Il devrait ainsi être possible de modifier ou d'actualiser le traité d'Aix-la-Chapelle pour l'étendre au-delà de la France et de l'Allemagne en y invitant d'autres États membres de l'UE et en modifiant la composition et les procédures de prise de décision des organes définis dans les deux traités, tels que le Conseil de défense et de sécurité (chapitre II, article 4.4) ou le Conseil des ministres (chapitre IV, article 23), et leur agenda pluriannuel. Le réajustement du traité d’Aix-la-Chapelle sur l'intégration européenne serait ajouté au chapitre I sur les affaires européennes.

Culture européenne

Faire grandir la culture et l'identité européennes

Le projet européen a été conçu comme un projet économique favorisant les liens et interdépendances, afin d'éviter qu'un autre grand conflit militaire n'engloutisse le continent. Beaucoup de temps s'est écoulé depuis. La Communauté européenne du charbon et de l'acier a été établie en 1951 comme prédécesseure de ce qui deviendra l’Union européenne. Or, bien que de nombreuses initiatives encouragent aujourd'hui les liens et les relations transfrontaliers, l'Europe continue d'être un projet de bureaucratie et de chiffres. Tant que l'Europe ne touchera pas les « cœurs », le projet européen restera « lointain » pour sa population. Pire, cette distance perçue est négativement corrélée avec le degré d'identification d'une population à un gouvernement représentatif, et donc à la stabilité démocratique. L'Europe ne développera jamais un soft power diplomatique à l'intérieur de ses frontières et au-delà, tant qu'elle ne deviendra pas aussi une « Union des cœurs ». Créer ce sentiment d’appartenance implique de semer les graines du développement d'une identité européenne sur une génération, et la réduction du fossé ressenti entre l'Europe et sa population. Après 60 ans, les institutions françaises et allemandes devraient considérer que leur mission d'interface culturelle entre les deux pays est accomplie. Les 60 prochaines années devraient être consacrées à faire de même au niveau européen.

Institut Europa

Fusionner l'Institut Français, le Goethe Institut et les autres instituts culturels nationaux pour créer un Institut Europa

Le maintien d'un réseau d'instituts culturels à l'étranger est aujourd'hui une pratique courante et un instrument de diplomatie « douce ». Du côté allemand, le Goethe Institut, fondé en 1925 sous le nom de Deutsche Akademie, promeut les échanges sociaux et l'apprentissage de la langue allemande sur 158 sites dans le monde. De même, le réseau culturel français à l’étranger regroupe aujourd'hui 98 Instituts français et 830 Alliances françaises pour promouvoir également les échanges culturels et l'apprentissage de la langue française dans le monde. Toutefois, si l'on considère que les États-Unis font la promotion de leur culture par le biais de Coca-Cola, de McDonalds et d'autres entreprises mondiales, et que la Chine imite l'approche de l'Allemagne et de la France avec l'Institut Confucius, on peut se demander ce que fait l'Europe pour faire progresser son soft power diplomatique. Les initiés diront qu'il existe les Instituts culturels nationaux de l'Union européenne (EUNIC), mais ce réseau ressemble davantage à un pot-pourri de représentations diplomatiques et d'associations culturelles qu'à un effort coordonné pour faire progresser la culture et l'identité européennes. Il fait également pâle figure avec seulement 1,7 millions d’euros dépensés depuis 2012 pour soutenir ses activités, alors que le Goethe Institut dispose d'un budget annuel de 366 millions d’euros.

La question est donc de savoir si la France et l'Allemagne, ainsi que d'autres États membres de l'UE, seraient disposés à fusionner leurs instituts culturels nationaux en un Institut Europa dont la mission serait de nourrir l'identité et les acteurs de l'Europe au sein et au-delà de l'Union. En restant « unis dans la diversité », les établissements continueraient à promouvoir les échanges culturels mais au lieu de se concentrer exclusivement sur leur pays respectif, ils feraient également la promotion de tous les États membres participants. Le fait de suivre le siège tournant de la présidence du Conseil de l'Union européenne fournirait par exemple un excellent calendrier aux instituts pour mettre en avant un certain État membre. La mission d'enseignement des langues étrangères pourrait être élargie pour inclure non seulement sa propre langue mais aussi les principales langues européennes. Les instituts soutiendraient et renforceraient les initiatives européennes existantes au niveau local, telles qu'Europe Direct, qui manquent souvent de moyens pour toucher un public plus large que les europhiles. Les cultures française et allemande sont aujourd'hui connues dans le monde entier. Ce qui manque, c'est une culture et une identité européennes, et les pays participants pourraient progresser vers cet objectif en créant un Institut Europa qui couvrirait le monde entier.

Arte Europa

Faire d'Arte la chaîne de service public dédiée à la promotion de la culture européenne

C'est un fait souvent déploré aujourd'hui, l'Europe est quasiment absente des médias nationaux. Les reportages s'arrêtent à nos frontières respectives et alimentent les clichés nationalistes selon lesquels Bruxelles et l'Europe sont « loin ». Comme nous ne voyons pas ou n'entendons pas parler de l'Europe régulièrement, l'UE reste une chose étrangère dont une grande partie de la population ne connaît pas les idées et les valeurs fondamentales. Le traité de l'Élysée visait à apprendre à connaître nos voisins. Si nous avons aujourd'hui un lien fort entre la France et l'Allemagne, les liens avec d’autres pays restent faibles. Nous manquons encore de médias européens indépendants pour pallier ce manque de visibilité, mais l'Allemagne et la France offrent un format réussi sur lequel une initiative de présentation de l'Europe pourrait s'appuyer : Arte – l'association relative à la télévision européenne – est une chaîne de télévision de service public consacrée à la culture. Cette entreprise commune internationale émet depuis 1992, après avoir été lancée comme un symbole d'amitié par le président français François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl et mis en place par un traité interétatique en 1990. 

Aujourd'hui, 80% des programmes d'Arte sont fournis par ses filiales française et allemande et sont disponibles dans les deux langues. Le reste du contenu est fourni par les partenaires européens de la chaîne, avec des programmes sous-titrés en anglais, espagnol, polonais et italien. On pourrait dire qu'un premier pas vers une Arte plus européenne, une « Arte Europa », a déjà été fait. À l'avenir, les sociétés de radiodiffusion françaises et allemandes devraient s'efforcer de passer progressivement à un programme entièrement européen, l'objectif étant que, dans 60 ans, Arte soit connue comme la chaîne de service public consacrée à la culture européenne. Un traité multilatéral d'Aix-la-Chapelle fournirait un cadre permettant à la France et à l'Allemagne d’intégrer d'autres États membres et commencer à élaborer les grandes lignes d'un programme visant à promouvoir la culture européenne, qui pourrait à terme être étendu aux 27 pays.

Enseigner l’histoire « à rebours »

Introduire l’enseignement de l'histoire du présent vers le passé, dans une perspective européenne

Les évènements actuels pourraient laisser croire que le présent doit occuper une place centrale dans notre système éducatif. Cependant, il est courant dans notre enseignement de l'histoire de discuter de la création de la Terre, des dinosaures et des premières civilisations ; or,, à mesure que nous nous rapprochons du présent, nous manquons souvent de temps. Atteindre la Seconde Guerre mondiale est souvent un objectif a minima, atteint avant de survoler rapidement les 80 années qui suivent. L'Europe ? Le changement climatique ? La guerre en Ukraine ? L'Union européenne finit souvent par être une note de bas de page bien plus petite que les empreintes laissées par les dinosaures et les résultats sont visibles dans la vie de tous les jours, où une grande partie de la population ne peut même pas nommer tous les États membres de l'UE. Si nous voulons sensibiliser davantage à l'Europe et à notre histoire contemporaine, il faut bouleverser nos programmes scolaires. Pourquoi ne pas commencer par aujourd'hui ? Avec au programme, la guerre en Ukraine et le rôle de l'Europe. L'histoire de l'Union européenne, ses réalisations et ses lacunes. Les raisons de son existence et la Seconde Guerre mondiale. Remonter le temps au lieu de commencer à 0, c'est contextualiser l'histoire. Cela nous permet de nous concentrer sur ce qui compte aujourd'hui et, au cas où le temps viendrait à manquer, les dinosaures se seraient éteints et il ne resterait que des traces d'anciennes civilisations. Ces pages plus anciennes de l’Histoire sont importantes, mais elles ne doivent plus occuper le devant de la scène. 

En matière d'éducation, l'UE n'a qu'une compétence complémentaire et il appartient donc aux États membres de donner la priorité au présent sur le passé et de mettre l'accent sur l'histoire contemporaine et l'Europe. Un traité multilatéral d'Aix-la-Chapelle permettrait à la France, à l'Allemagne et aux États membres qui le souhaitent de s'entendre sur de telles réformes sans dépendre du consensus de tous les États membres. Il représenterait des réformes que d'autres pays auraient du mal à refuser au fil du temps. Et elles pourraient faire contrepoids aux gouvernements nationalistes qui tentent d'influencer la perception de l'Union européenne et de réécrire l’Histoire. Il est facile de prendre l'Europe pour bouc émissaire tant que la population générale ne peut pas s'identifier à l'Union européenne. Un traité s’engageant à enseigner dans une optique et une perspective européennes pourrait grandement contribuer à modifier la façon dont l’histoire est enseignée.

La série de jeux vidéo Assassin's Creed du studio Ubisoft est réputée pour emmener le joueur dans différents contextes historiques à chaque nouveau titre. Qu'il s'agisse de la Rome antique, de la guerre d'indépendance américaine ou de la France pendant la Révolution, les développeurs s'efforcent de créer des lieux historiquement exacts et de permettre des interactions avec des personnalités historiques célèbres. Les titres récents mettent également ces mondes à disposition à des fins éducatives sous forme de circuits de découverte historiques. Ces produits dérivés comprennent du matériel destiné aux enseignants et des éléments permettant d'élaborer des programmes scolaires couvrant les sciences sociales, les sciences, les mathématiques, les langues et l'art, le tout pouvant être expérimenté en explorant un monde ouvert ou en suivant des visites guidées en voix off. De telles initiatives ont le potentiel de changer la façon dont l'histoire est enseignée et vécue dans les salles de classe et au-delà, et nous devrions nous efforcer de ne pas nous limiter à un format éducatif visualisant les connaissances avec une craie et un tableau blanc, développé il y a des milliers d'années.

L’Europe ludique

Créer un jeu multijoueur en « open world » sur l'Europe

Les enfants d'aujourd'hui apprennent souvent des langues en jouant à des jeux en ligne, où l'anglais est généralement la langue prédominante. Les jeux n'enseignent pas seulement les langues : de la géographie à l'histoire, les jeux vidéo sont souvent des fontaines de connaissances pour les enfants en éveil. Si l'objectif était de former une génération plus consciente de l'Europe et dotée d'une identité européenne, nous ne devrions pas nous demander pourquoi nos jeunes ne sont pas enthousiastes à l'idée de participer à des quiz sur les capitales des États membres de l'UE. Nous devrions nous demander pourquoi il existe « Games of Thrones » mais pas de « Game of Europe ». S'il était possible de rendre ludique la géographie et l'histoire européennes dans un format éducatif, les jeunes générations disposeraient d'une alternative aux manuels scolaires, qu'elles pourraient même envisager d'explorer pendant leur temps libre. La gratuité d'un tel jeu le rendrait accessible à tous. Le concevoir comme un jeu à monde ouvert, un jeu de rôle et un jeu multijoueur ferait que l'échange avec d'autres joueurs de toute l'Europe deviendrait rapidement la norme. 

Si nous voulons développer une culture et une identité européennes, la facilitation des échanges doit aller au-delà de nos efforts actuels. Il faut penser à l'avenir : les initiatives qui ont séduit les membres d’une génération après la guerre ne fonctionneront probablement plus pour les petits-enfants de cette génération. De même, les moyens dont disposent les personnes aisées et instruites ne seront jamais accessibles à tous. Une société européenne inclusive doit aller au-delà des étudiants participant aux échanges Erasmus et des initiatives ponctuelles qui tentent de favoriser les échanges, comme Europe Talks. D'où l’idée d’un « Jeu de l'Europe » qui offrirait un espace permanent d'exploration, d'apprentissage et d'échange. Il existe des studios européens capables de produire des titres phares : si un tel jeu doit être une entreprise sérieuse de construction d'un véhicule pour faire grandir notre identité européenne, il nécessitera un budget et un engagement conséquents de la part des États membres. Le jeu correspond à la jeunesse et à la culture et s'inscrirait donc bien dans le contexte des traités de l'Élysée et d'Aix-la-Chapelle. Si la France et l'Allemagne prenaient l'initiative de créer un tel jeu, en demandant à d'autres pays de s'engager et de partager le financement du développement d'un jeu en monde ouvert, nous pourrions faire progresser la sensibilisation à l'Europe de la jeune génération, que le titre soit EuropeOnline, CyberEurope2077 ou World of Europe.

Faire des écoles européennes la norme et non l'exception

Inverser la tendance à réduire l'enseignement multilingue 

Si le traité d'Élysée et le traité d'Aix-la-Chapelle soulignent l'importance de parler la langue de l’autre, les chiffres sur le terrain racontent une autre histoire. En France, l'Association pour le développement de l'enseignement de l'allemand en France (ADEAF) alerte sur le fait que le pays a perdu près de la moitié de ses enseignants d'allemand depuis 2006. Bien que la réforme de 2015 qui a supprimé les classes bilingues et européennes ait été annulée par une autre réforme en 2017, l'apprentissage de l'allemand a été et continue d'être sous pression. Les gouvernements se donnent souvent beaucoup de mal pour protéger et promouvoir leur propre culture et leur propre langue – il suffit de voir les quotas francophones de 1994 qui obligent les stations de radio françaises à diffuser au moins 40 % de musique française aux heures de grande écoute. C'est un exemple de préservation d'un patrimoine culturel face à des intérêts économiques. Si l'on considère que le traité de l'Élysée et ses réalisations constituent également un patrimoine culturel pertinent, le gouvernement devrait déployer davantage d'efforts pour préserver l'allemand en tant que principale langue étrangère en France et, bien entendu, vice-versa. 

Pour développer l'idée et le rôle de l'éducation multilingue, nous ne devrions pas hésiter à nous fixer des objectifs ambitieux, comme celui de voir notre population parler couramment au moins deux langues étrangères d'ici 60 ans. Pour atteindre de tels objectifs, nos écoles doivent être des institutions multilingues. Le réseau actuel des écoles européennes (EURSC) offre un tel enseignement, mais il est surtout destiné aux enfants du personnel des institutions européennes. Même en prenant en compte le nombre d'institutions nationales accréditées comme écoles européennes, le nombre total est négligeable. Bien que les réformes de Bologne aient rendu l'enseignement supérieur plus interopérable, l'enseignement secondaire reste un obstacle lorsqu'il s'agit de fréquenter une école ou d'étudier dans un autre pays. On peut constater l'effet positif du traité de l'Élysée puisque la France et l'Allemagne proposent également un AbiBac, pleinement reconnu comme un diplôme pour accéder à l'enseignement supérieur dans les deux pays. Un nouveau traité d'Aix-la-Chapelle devrait s'inspirer de ces principes et s'efforcer de créer des initiatives similaires avec d'autres États membres désireux de participer. Il devrait également s'engager en faveur de l’enseignement multilingue et augmenter de manière significative le nombre d'écoles européennes accréditées dans les pays participants afin de devenir une véritable alternative dans l'enseignement public et privé. Il s'agira d'une tâche générationnelle nécessitant un engagement à long terme. La liberté de circulation est une bonne chose en théorie. Il est temps de la faire fonctionner dans la pratique.

Tissu européen

Fabriquer le tissu social européen de demain

Le traité de l'Élysée a été consciemment conçu comme un traité entre les peuples, afin de rapprocher les citoyens de France et d'Allemagne après la guerre de 1870 entre la Prusse et la France et les deux guerres mondiales. Il ne s'agissait pas d'un traité imposé d'en haut, mais d'un traité bien ancré dans la vie quotidienne des deux côtés de la frontière. Il s'agissait d'un engagement à forger des amitiés : l’une des itérations de cette construction de liens entre les deux pays s’est révélée être les partenariats entre villes. Aujourd'hui, la section allemande du Conseil des communes et régions d'Europe (CCRE) compte plus de 5 000 jumelages, dont plus de 2 000 liés à la France : les panneaux indiquant les limites de nos villes sont aujourd'hui souvent un « Who is who » des quatre coins de l'Europe et au-delà. Cependant, les temps étaient différents il y a soixante ans, lorsque le traité de l'Élysée a été signé. Une ville partenaire était souvent la première ville étrangère à être visitée, alors qu'aujourd'hui nous pouvons voyager librement et avons vu tous les coins de l'Europe. Nous devons penser à l'avenir pour les soixante ans à venir, car un jour, la génération qui a souffert de la dernière guerre et de ses conséquences ne sera plus parmi nous. Par conséquent, la principale motivation ayant poussé cette génération à établir des liens d'amitié et de paix avec leurs anciens rivaux respectifs a besoin d'une nouvelle interprétation. 

Les jumelages constituent aujourd'hui un élément essentiel de la société civile en France et en Allemagne, avec des activités qui touchent une grande partie de la population. L'Europe n’a pas le monopole des jumelages, mais la mise en relation par le biais de partenariats entre villes constitue un effort d'intégration ascendant sur le continent. Si les jumelages sont célébrés comme le « plus grand mouvement pour la paix dans le monde », pourquoi ne pas utiliser le contexte du traité d'Aix-la-Chapelle et les soixante prochaines années pour faire des jumelages le mouvement de création d'une société européenne – non pas en faisant les choses différemment, mais en changeant leur portée pour se concentrer sur la création de liens dans toute l'Europe et en impliquant nos jeunes ? Qu'il s'agisse de la génération Z ou des milléniaux, nous devons construire un nouveau récit et offrir des incitations pour poursuivre l'histoire à succès des partenariats entre villes. Fabriquer le tissu social européen et grandir ensemble en tant que continent sera une tâche intergénérationnelle.

Connecter les villes

Encourager une jeune génération à s’impliquer dans les partenariats entre villes

Que ce soit en France ou en Allemagne, les jeunes participants à une association de jumelage sont souvent introuvables. Bien que les partenariats entre villes jouent un rôle important dans les activités culturelles et sociétales, ils parviennent rarement à attirer un public plus jeune. Qu'il s'agisse de Stammtische, de Feuerzangenbowle ou de l'anniversaire du traité de l'Élysée, notre société ne parvient pas à mobiliser et à inspirer une jeune génération à nouer des liens avec les jeunes des villes partenaires de leur ville natale. Des outils et des idées existent : les cartes Use-It sont des guides de ville pour les jeunes voyageurs et de nombreux sites web permettent d'explorer les villes au-delà des curiosités classiques, des musées et des monuments. Ce qui manque, c'est la sensibilisation et les incitations à visiter. Et s'il y avait les moyens financiers pour que nos jeunes puissent visiter toutes les villes partenaires de leur ville natale en utilisant Interrail ? Si les associations avaient le soutien nécessaire pour fournir des guides locaux et accompagner les jeunes visiteurs ? Et si les jeunes visiteurs avaient pour défi de collecter des jetons à la mairie de chaque ville partenaire, de signer un mur des visiteurs des villes partenaires ou de compléter un parcours des activités typiques de chaque ville ?

Qu'il s'agisse de visites ludiques pour découvrir d'autres villes, de tournois sportifs annuels pour les clubs de jeunes ou de festivals musicaux pour répéter et jouer des concerts ensemble, il existe aujourd'hui d'innombrables initiatives qui pourraient servir d'exemples pour étendre les jumelages entre villes françaises et allemandes à toute l'Europe et impliquer nos jeunes. L'objectif devrait être que dans soixante ans, ces échanges soient considérés comme normaux au lieu d'être aujourd’hui une simple bonne pratique. Le traité de l'Élysée a permis de construire la relation entre les villes françaises et allemandes. Le traité d'Aix-la-Chapelle devrait se concentrer sur le développement de notre identité européenne auprès de la jeune population, les réseaux de villes partenaires ou « citylinks » étant un moyen d'y parvenir. Les associations de jumelage sont conscientes du défi que représente la poursuite de leur travail à l'avenir. Elles bénéficieraient grandement d'un regain d'attention et d'inspiration pour faire en sorte que l'Europe compte pour notre jeune génération.

Use-It Maps pour les jeunes voyageurs

Use-It est un réseau d'informations touristiques pour les jeunes voyageurs. Les cartes sont réalisées par de jeunes locaux. Elles sont gratuites et actuellement disponibles dans 20 villes européennes. Cependant, elles ne seront pas disponibles dans les villes partenaires, ni accessibles pour un jeune qui n'a pas vraiment envie de fréquenter les offices du tourisme.

Donner les moyens aux jeunes volontaires de créer leur propre Use-It Map et de la mettre à la disposition des jeunes des villes jumelées permettrait de créer une visibilité auprès de la jeune génération. Avec des programmes encourageant les visites mutuelles, une telle initiative pourrait très bien faire fructifier un intérêt croissant de la jeune génération pour les partenariats entre villes sur l'ensemble du continent.

Festival des jeunes artistes

Depuis 72 ans, la ville de Bayreuth accueille le festival des jeunes artistes, un festival d'un mois pour jeunes musiciens classiques du monde entier qui se rencontrent pour pratiquer ensemble, apprendre à se connaître et jouer dans des concerts dans toute la région. Le festival n'est pas limité aux villes partenaires, mais des initiatives similaires existent entre les villes françaises et allemandes jumelées. Que ce soit dans le domaine du sport ou des arts, il conviendrait de faire évoluer le format de ces rencontres, avec les jeunes des villes partenaires respectives, ce format passant du statut d'exception à celui d'événement annuel tournant autour des villes partenaires. Cela contribuera grandement à créer les liens entre les villes dont nous avons besoin pour établir les racines d'une société européenne.

Aller à l'Est

Étendre les partenariats entre villes pour créer des liens étroits avec les États membres d'Europe centrale et orientale

Alors que le rideau de fer pesait lourdement sur les tentatives d'établir des partenariats entre villes d'Europe occidentale et l'Europe centrale et orientale, il est aujourd'hui urgent de mieux intégrer nos États membres d'Europe centrale et de l’Est dans le projet européen. Le refus persistant d'accepter la Roumanie et la Bulgarie dans l'espace Schengen montre que l'Europe ne traite toujours pas tous les États membres sur un pied d'égalité. Nous pouvons également constater, dans des pays comme la Pologne ou la Hongrie, que les démocraties ne sont pas toujours résistantes aux tendances nationalistes – souvent en raison d'un manque de confiance dans le processus politique ou dans ses institutions. Cela vaut autant pour les gouvernements nationaux que pour l'Union européenne. Au regard de la guerre en Ukraine, les soixante prochaines années du projet européen devront se concentrer sur la construction d'une véritable union politique et sociétale de l'ouest à l'est. Les réformes politiques au niveau européen seront plus facilement réalisables si la confiance dans le projet européen et dans une société qui élit des gouvernements pro-européens existe. Cette confiance doit être développée et, pour ce faire, les liens de la société civile entre l'Est et l'Ouest doivent être renforcés au lieu de laisser s'installer une mentalité Est-Ouest. 

Tout comme les jumelages ont été un élément clé de la construction des relations transfrontalières entre la France et l'Allemagne, ils peuvent également être des têtes de pont pour lier les sociétés d'Europe centrale, orientale et occidentale. Le nombre des partenariats entre les deux pays montre comment le soutien par un traité et les programmes d'accompagnement peuvent favoriser des liens actifs qui vont au-delà des jumelages traditionnels. Un traité multilatéral d'Aix-la-Chapelle pourrait ainsi servir comme un cadre similaire et amplificateur d’une initiative qui met l'accent sur les jumelages avec les États membres d'Europe centrale et orientale. La Pologne, par exemple, est un pays doté d'un réseau et d'une culture de jumelage solides. Elle partage également une longue histoire avec la France et l'Allemagne avec des vagues de migration au cours des derniers siècles et des réseaux associatifs forts. Inviter la Pologne à rejoindre le traité d'Aix-la-Chapelle, afin de créer un axe le long duquel s’établirait un réseau européen de partenariats, serait un signal fort de la part de la France et de l'Allemagne pour aller réellement vers la création d'une société européenne. Une telle société a besoin d'une base solide et d'une approche multilatérale. 

Changer le nom d’un pont ne suffit pas

Inciter les municipalités à favoriser les jumelages au-delà des symboles

Si les municipalités sont souvent fières de leurs partenariats de jumelage et apportent leur soutien aux associations qui maintiennent ces liens, elles n'en font généralement pas la promotion active. Les ponts et les places sont baptisés du nom des villes partenaires et les panneaux d'entrée de ville sont décorés, mais ne peut-on pas imaginer un rôle plus actif dans le renforcement des liens à travers l'Europe ? Pourquoi Lille, qui est partenaire de Cologne, ne fait-elle pas de publicité pour le plus grand événement annuel de Cologne, le carnaval ? Pourquoi la Braderie de Lille, le plus grand marché aux puces d'Europe, est-elle aussi largement inconnue des citoyens de Cologne ? Les associations et la société civile ne peuvent pas faire grand-chose si l'administration publique reste à l'écart au lieu de jouer un rôle dans l'entretien des relations entre villes jumelées. Un traité d'Aix-la-Chapelle renouvelé et tourné vers l'avenir devrait donc également prévoir des mesures incitant les municipalités à promouvoir leurs partenariats dans toute l'Europe. Qu'il s'agisse d'informer les offices du tourisme sur les villes partenaires, de promouvoir activement l'existence des villes jumelées et leur agenda culturel respectif ou de les inclure dans les bulletins municipaux, nous devons donner plus de visibilité aux jumelages dans notre vie quotidienne si nous voulons que l'idée devienne pertinente pour le grand public, et qu'elle devienne un ingrédient clé de la création d'une culture et d’une identité européennes futures.

Défense européenne

IV. Définir les éléments constitutifs d'une politique de sécurité commune

Les idéaux de coopération pacifique et économique de l'Union européenne sont de plus en plus menacés par des puissances mondiales qui s'orientent vers des politiques étrangères de toujours plus agressives. L'Europe doit trouver sa propre réponse et sa propre approche de la sécurité et des relations extérieures. Les principes d'équité des armes, d'unité à travers l'Europe et de visibilité doivent être les éléments d'une future politique européenne de sécurité qui aille au-delà de la coopération structurée permanente (PESCO), déjà existante. Mais si la boussole stratégique de l'UE appelle à la coopération, l'Europe découvre seulement aujourd’hui ce que cela signifie dans la pratique, après avoir été épargnée par les grands conflits militaires pendant plus de soixante-dix ans. Cette « pratique » est un défi : un défi de complexité car « unis dans la diversité » signifie avoir 27 États membres avec leurs propres industries de défense et des systèmes incompatibles. Et un défi démocratique : s'il existe au niveau européen des moyens de contourner l'unanimité via des clauses passerelles, les décisions militaires ne permettent pas cette flexibilité. Une politique de défense européenne robuste nécessite donc l’abandon de l’unanimité, ce qui semble improbable aujourd'hui. Nous sommes encore loin de rendre nos armées nationales interopérables et nous ratons l'occasion de permettre à des initiatives de s'appuyer sur des plateformes militaires communes et de favoriser une identité européenne grâce à ces efforts conjoints.

Le traité de l'Élysée comportait des engagements de coordination et de coopération militaires entre la France et l'Allemagne. Cela était certainement aussi dû au fait que l'un des objectifs du traité était d'utiliser cette initiative pour faire évoluer l'Union européenne vers un acteur économique et géopolitique indépendant – un élément qui a été alors fortement critiqué par l'Union soviétique et les États-Unis, ce qui a conduit à un préambule liant le traité à la coopération avec la sphère d'influence anglo-saxonne. Soixante ans plus tard et au milieu d'un conflit militaire risquant de menacer la richesse économique et l'intégrité de l'Union européenne, nous ne devrions pas nous abstenir de réévaluer l'inclusion des aspects militaires et de sécurité dans les traités de l'Élysée et d'Aix-la-Chapelle. Nous devrions plutôt réfléchir à la manière dont la coopération bilatérale existante pourrait être étendue et affinée afin d'initier une pression interne vers plus de coopération et de cohésion militaires. Nous n'aurons probablement pas soixante ans de plus pour mettre en place une armée européenne et une défense commune. Les pays désireux d'avancer sur ces questions devraient être invités à adhérer au traité d'Aix-la-Chapelle en renouvelant leur engagement à définir une éventuelle politique de sécurité commune.

La dissuasion nucléaire européenne

Imaginer comment partager la responsabilité de la France avec des partenaires engagés

Alors que l'utilisation civile de l'énergie nucléaire est répandue, la France est aujourd'hui la seule puissance nucléaire militaire de l'Union. Si l'Europe cherche à s'unir et à agir comme un acteur géopolitique plus souverain, les questions de la dissuasion nucléaire européenne et du rôle de l'arsenal nucléaire de la France devront également être abordées. Il ne devrait y avoir aucun tabou – toute discussion sérieuse devra prendre en compte le rôle de la France au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que la responsabilité de son arsenal nucléaire et sa contribution générale à l'effort de renforcement de l'équité militaire européenne. Nous devons également être réalistes : l'Europe est loin d'être unie ou prête à jouer un tel rôle. Il n'y a pas de politique étrangère européenne. Le président Macron rend visite au président américain pour s'interroger sur l'impact de ses politiques économiques sur l'Europe. Le chancelier Scholz rend visite au président chinois avec une délégation économique allemande. Charles Michel, président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se présentent comme un étrange couple lors de visites à l'étranger, au lieu de personnifier l'unité européenne. En l'absence d'une modification des traités ouvrant la voie à une république européenne fédérale dotée d'institutions et de compétences réelles, il est facile de répondre à la question du partage des responsabilités en matière d'armes nucléaires. Nous sommes aujourd'hui une Europe des intérêts nationaux, loin de montrer la volonté et la maturité nécessaires pour avancer sur ces sujets essentiels et sensibles.

Pour autant, pouvons-nous attendre ? Les États membres engagés dans le projet européen ne peuvent-ils pas commencer à poser les jalons d'une future armée européenne, identifier ses besoins et tracer une feuille de route vers une responsabilité partagée ? Grâce au traité de l'Élysée, la France et l'Allemagne ont désormais plus de soixante ans de coopération militaire bilatérale à leur actif. Une redéfinition de cette coopération militaire dans le cadre du traité d'Aix-la-Chapelle pourrait inclure une invitation aux autres États membres engagés dans la coordination et la coopération militaires et l'objectif de développer un cadre de responsabilité partagée sur l'arsenal nucléaire français. Il ne faut pas oublier que nos propres démocraties sont loin d'être stables et que toute initiative multilatérale pourrait également servir de circuit de sécurité supplémentaire au cas où la France se retrouverait un jour avec un gouvernement suivant les traces de la Hongrie ou de la Pologne ou pire, s'alignant étroitement sur la Russie, ce qui pourrait avoir des implications réelles sur l'arsenal nucléaire français. La question de la dissuasion nucléaire européenne n'est donc pas seulement une question de sécurité européenne mais aussi de sécurité nationale. Le traité d'Aix-la-Chapelle pourrait fournir un contexte dans lequel des réponses à ces questions pourront être élaborées et potentiellement trouvées.

Un complexe militaro-industriel européen

Construire les bases d'une armée européenne

La guerre en Ukraine teste les limites de notre industrie de la défense et d'une armée essentiellement engagée dans des missions de maintien de la paix. Les États membres ne semblent plus habitués aux conflits armés et cela se voit. L'autonomie militaire et la défense commune sont souvent évoquées, mais l'audace d'avancer réellement sur ce dossier et de fournir une perspective de sécurité pour nos États membres d'Europe orientale fait cruellement défaut. Pire, le recours à des fabricants d'armes étrangers pour se procurer des équipements militaires essentiels au lieu de s'approvisionner auprès des États membres nationaux ou voisins ne fait qu'aggraver la situation. L'Allemagne et la France ont travaillé ensemble sur un système de combat aérien futur (FCAS), dont le vol inaugural est prévu pour 2029. Cependant, l'Allemagne, dans son plan de dépenses militaires de 100 milliards d'euros, s'est engagée à acquérir des chasseurs américains F-35, rejoignant ainsi la Finlande, la Suisse, la République tchèque et le Royaume-Uni qui utilisent la plate-forme américaine dans leurs forces aériennes. Avec Dassault et Airbus, l'Allemagne et la France ont la compétence industrielle et l'histoire de coopération nécessaires pour développer des plateformes communes. Le traité d'Aix-la-Chapelle pourrait fournir un cadre pour les approfondir. Les efforts devraient être triples : les États membres devraient se tenir mutuellement responsables du fait que les achats sont effectués par le biais du complexe militaro-industriel des États membres participants. L'interopérabilité des systèmes militaires des pays participants devrait être une condition pour les achats communs. Les achats devraient être alignés et éventuellement combinés. Même si les forces militaires restent sous des commandements séparés, l'acquisition conjointe de systèmes européens interopérables accélérera le processus de développement d'un complexe militaro-industriel européen et d'une éventuelle armée commune.

La coopération multilatérale pourrait également englober le sujet des ressources communes et des troupes déployables. À l'instar du manque d'équipement médical pendant la pandémie de Covid, la mise en commun et les stocks de munitions pourraient répondre au problème des États membres, qui ne dépensent pas assez et ne maintiennent pas suffisamment d'équipement prêt à un déploiement. Les efforts pourraient aller de pair avec la création d'une alternative aux groupements tactiques européens. Cet ensemble actuel d'unités de seulement 1500 personnes est censé réagir aux situations de crise, disposer d'une capacité opérationnelle internationale et effectuer une rotation tous les six mois. Cependant, ces groupements n'ont jamais été déployés, leur financement n'est pas fiable car il dépend des intérêts des 27 États membres, et un déploiement nécessiterait une décision unanime du Conseil européen. En revanche, un effort de plusieurs États membres pour établir les bases d'une force militaire commune pourrait en faire les précurseurs d'une armée européenne. Le mandat serait similaire – de la prévention des conflits à la gestion des crises, en passant par l'intervention humanitaire et le maintien de la paix – mais il impliquerait de s'engager en faveur d'un financement sûr et à long terme, mettre l'accent sur les plateformes européennes et les sources d'approvisionnement communes, ainsi que sur le développement d'un organe de décision accompagné de procédures évolutives.

Unidad Militar de Emergencias

Précurseure en Europe, l'Espagne, sur proposition du Conseil des ministres en 2005 et par le décret royal 416 de 2006, a créé l'Unité militaire de secours en cas de catastrophe (UME). Ses missions s'inscrivent dans un large éventail d'interventions allant des urgences causées par des catastrophes naturelles tels que les inondations, les incendies et les tremblements de terre aux catastrophes technologiques, tels que les attaques ou les accidents chimiques, nucléaires, radiologiques et biologiques. L'UME peut intervenir dans les situations d'urgence dues à des attaques terroristes, notamment contre des infrastructures critiques ou des agents ABC. Cette force militaire hautement spécialisée se compose de six bataillons (cinq d'intervention et un de transmission) et d'un total de 3 500 hommes de l'armée de terre, de la marine, de l'armée de l'air et de la garde royale. Depuis sa création, elle a suscité une attention et revêtu un prestige considérable en raison de ses déploiements nationaux et internationaux pour l’assistance en cas de catastrophe.

Aide civile et militaire en cas de catastrophe

Mettre l'accent sur les secours militaires en cas de catastrophe plutôt que sur la capacité offensive

Un élément clé de la future politique européenne de sécurité doit être sa visibilité et son image de marque. Les superpuissances mondiales investissent dans la visibilité par divers moyens : qu'il s'agisse des États-Unis qui financent leur industrie du divertissement pour donner une image positive de leur armée, de la Russie qui organise des parades militaires à grande échelle ou de la Chine qui construit des bases militaires dans des ports qu'elle loue, tous ces efforts visent à projeter une puissance « dure » et une supériorité militaire. L'Europe doit in fine apporter une réponse équivalente à la question de la visibilité et elle peut s'en inspirer à l'intérieur de ses frontières : l’ « Unidad Militar de Emergencias » (UME) espagnole est une branche des forces armées en charge des secours en cas de catastrophe. L'Allemagne dispose du Technisches Hilfswerk (THW), une branche civile chargée des interventions en cas de désastre. Ces deux initiatives sont très appréciées par leurs populations respectives et un effort multilatéral dans le cadre du traité d'Aix-la-Chapelle devrait viser à créer une unité militaire multinationale pour les secours en cas de catastrophe, en mettant l'accent sur la coopération et la sensibilisation des civils. 

Compte tenu des risques militaires et environnementaux actuels, une initiative conjointe menée par la France, l'Allemagne et d'autres États membres désireux de créer un précurseur d'une unité militaire européenne de secours en cas de catastrophe pourrait constituer la réponse de l'Europe à la question de l'image de marque militaire. En se concentrant sur les secours, cette force militaire aurait une forte présence visuelle en tant qu'acteur positif en Europe et définirait une nouvelle catégorie de supériorité militaire. L'organisation serait professionnelle et volontaire : la force professionnelle serait calquée sur l'UME espagnole, ou en accroîtrait même le champ de compétence, tandis que les programmes de la société civile seraient calqués sur le THW allemand et les pompiers volontaires. À l'instar des cours de premiers secours, ces derniers pourraient se concentrer sur la formation volontaire de la population générale aux efforts de secours en cas de catastrophe et aux interventions d'urgence. Avec le dernier rapport du GIEC indiquant que le monde est sur la voie d'une augmentation de la température globale entre 2 et 3,5⁰C, il deviendra primordial pour la population générale qu’elle se familiarise avec la réponse aux urgences et catastrophes liées au climat. Faire cela sous une bannière européenne augmenterait considérablement l'acceptation du projet européen et la nécessité de travailler ensemble en temps de crise et d'urgence. Le développement d'une telle initiative dans le contexte politique actuel au niveau européen, avec la difficulté supplémentaire de l'unanimité requise pour les décisions dans le domaine militaire, risque fort d'être un échec. L'utilisation du traité d'Aix-la-Chapelle comme cadre multilatéral permettrait à la France et à l'Allemagne d'inclure d'autres États membres et de commencer à mettre l'initiative en œuvre.

Conclusion

À l'occasion de son 60e anniversaire, nous ne pouvons que reconnaître que le traité de l'Élysée a été un succès phénoménal. Il a rapproché les peuples français et allemand et a créé un ancrage solide pour le projet européen. Mais si le traité d'Aix-la-Chapelle de 2019 a été salué comme un nouveau chapitre de la coopération entre les deux pays, il s'agissait surtout d'un acte symbolique visant à réaffirmer l'engagement à poursuivre la coopération, sans toutefois changer de formule. Soixante ans, c'est plusieurs générations, et la génération qui s'est fortement investie en 1963 pour construire des amitiés de part et d'autre du Rhin a aujourd'hui besoin d'une nouvelle génération pour porter le flambeau et le drapeau de nos idéaux européens. Il était urgent en 1963 de relier la France et l'Allemagne pour construire les bases d'un projet européen pacifique. Il est urgent aujourd'hui de lier nos populations à travers le continent et de faire émerger une identité européenne. 

Le nouveau chapitre du traité d'Aix-la-Chapelle pour les 60 ans à venir va donc être écrit en 2023. Il devrait avoir pour objectif renouvelé d'accélérer l'intégration européenne. C'est un objectif qui exige que la France et l'Allemagne poursuivent un leadership non coercitif au sein de l'Union européenne. C'est également un objectif qui nécessite plus de deux États membres. C'est un objectif qui peut, avec le temps, créer le terrain fertile sur lequel l'Union européenne et ses traités peuvent évoluer pour devenir une république européenne fédérale et un acteur géopolitique. Avec un président français et un chancelier allemand attachés à l'idée européenne, les deux pays pourraient devenir une avant-garde européenne en consacrant le nouveau chapitre d'un traité multilatéral d'Aix-la-Chapelle à l'avancement du projet européen sur l'ensemble du continent.

Auteurs

Sven Franck 

Né en Allemagne et vivant à Lille depuis plus de dix ans, Sven Franck est l'un des co-présidents actuels de Volt France. Il organise depuis de nombreuses années un groupe pour les germanophones ainsi que pour la communauté locale d'expatriés et est membre du conseil de l'association locale de jumelage. Il travaille pour un éditeur de logiciels libres, actif dans les affaires publiques pour la souveraineté de l'UE dans les technologies du cloud et la gestion de projets de R&D français et européens, notamment dans le domaine de la défense et de la sécurité.

Remerciements 

Merci à Charles Nonne, Valérie Chartrain et Hugo Ollivier pour leurs contributions, la traduction et la relecture de ce Livre blanc et à Rob van Steur et l'Aachen projet de Volt Nederland pour leurs idées et remarques.

Sources

  • Conseil Atlantique - Texte du Traité de l'Elysée (Déclaration commune d'amitié franco-allemande), 2013 (lien)

  • France Diplomatie - Traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle (lien)

  • Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Le Traité de l'Elysée (lien)

  • Wikipédia - Traité de l'Élysée (lien)

  • Wikipédia - Traité d'Aix-la-Chapelle (lien)

  • Aerotime - FCAS : Dassault confirme enfin avoir trouvé un accord industriel avec Airbus, Clément Charpentreau, Décembre 2012 (lien)

  • ADEAF - Evolution du nombre d'enseignants d'allemand (lien)

  • BFMTV - L'Allemand en voie de disparition dans les écoles françaises ? Jules, Fresard, Novembre 2022 (lien)

  • Eurostat - Proportion d'élèves de l'enseignement secondaire supérieur apprenant certaines langues étrangères, 2020 (lien)

  • EURSC - Écoles européennes (lien)

  • Espace européen de l'éducation - Le processus de Bologne et l'espace européen de l'enseignement supérieur (lien)

  • Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse - Abibac (lien)

  • Wikipédia - Traité du Quirinal (link)

  • IRIS - Rapport du Conseil des ministres franco-allemand : symbole de tensions entre Paris et Berlin ? Interview avec Jacques-Pierre Gougeon, Novembre, 2022 (lien)

  • Financial Times - Macron et Merkel signent le traité d'Aix-la-Chapelle pour approfondir les liens franco-allemands, Guy Chazan, janvier 2019 (lien)

  • CSIS - Centre d'études stratégiques et internationales : Raviver une relation essentielle : France, Allemagne et le Traité d'Aix-la-Chapelle, mars 2019 (lien)

  • Politico - La nouvelle communauté politique de Macron ouvre la boîte de Pandore, Suzanne Lynch et Clea Caulcutt, octobre 2022 (lien)

  • Wikipédia - Effets de réseau (lien)

  • Wikipédia - Communauté européenne du charbon et de l'acier (lien)

  • Goethe-Institut (lien)

  • Institut français (lien)

  • Aventures historiques - Jeux Assassin's Creed : Making History Lessons Fun, par Usama Khan, octobre 2021 (lien)

  • Ubisoft - Visite découverte (lien)

  • EUNIC - Instituts culturels nationaux de l'Union européenne (lien)

  • Wikipédia - Arte (lien)

  • Arte - La naissance d'Arte (lien)

  • Société civile européenne pour l'éducation - Plateforme pour l'éducation et la formation tout au long de la vie, 2018 (lien).

  • Europe Talks (lien)

  • Bertelsmann Stiftung - Deutsch-französische Städtepartnerschaften bringen Europa zu den Bürgern, 2018 (link)

  • Euractiv - Les jumelages de villes : Le « plus grand mouvement pacifique du monde », Steffen Stierle, 2018 (lien)

  • Conseil des communes et régions d'Europe (lien)

  • Econstor - Town Twinning and German City Growth, Steven Brakman et al, 2014 (lien)

  • Bundeszentrale für Politische Bildung - Städtepartnerschaften, Kai Pfundheller (lien)

  • Use-It Maps (lien)

  • Festival des jeunes artistes, Bayreuth (lien)

  • Kleine Zeitung - Österreichs Schengen-Entscheidung : Veto des Kleinkrämers, Hubert Patterer, décembre 2022 (lien)

  • Europe As One, The Future of a Political Hecatonchires, William A. McCurdy Juin 2022

  • Politico - La Hongrie oppose son veto à l'aide à l'Ukraine, l'UE cherche une solution alternative, Paola Tamma, 6 novembre 2022 (lien)

  • Action extérieure de l'Union européenne - Coopération structurée permanente (PESCO) (lien)

  • Zeit - Munitions Gipfel im Kanzleramt, par Hauke Friederichs, novembre 2022 (lien)

  • Wikipédia - Unité des urgences militaires (lien)

  • Ministère espagnol de la Défense - UME (lien)

  • Bundesanstalt Technisches Hilfswerk (lien)

  • Defense News - Comment le F35 a balayé l'Europe et la concurrence qu'il pourrait bientôt affronter, par VIvienne Machi, septembre 2022 (lien)

  • IFRI - Le traité d'Aix-la-Chapelle. Nouvel élan pour la coopération franco-allemande en matière de défense, par Barbara Kunz et al, janvier 2019 (lien).

Photos

  • AFP

  • Charles de Gaulle et Konrad Adenauer lors de la signature du Traité de l'Elysée. Foto: Bundesarchiv, Bild-P106816 / Inconnu wikidata:Q4233718 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

  • Carte d’Europe par Christian Lue on Unsplash

  • Arc de Triomphe Creator: ALAIN JOCARD | Credit: AFP Copyright: AFP or licensors

  • Ubisoft - Discovery Tours

  • Panneau de localité indiquant le jumelage de Bagnolet avec Oranienburg, Sesto Fiorentino, Chatila, Massala, Akbou / Jogadyl / Wikimedia COmmons / CC.BY-SA 3.0

  • Use-it Map Erfurt

  • Birgit Tauscher, Bayern 1

  • Unidad Militar de Emergencias, Flicker

  • Oliver Cole on Unsplash

  • Baim Hanif on Unsplash