AUKUS - Château de cartes des relations étrangères ?
Paris le 18 septembre 2021
Le 15 septembre, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie ont annoncé la création de l’alliance "Aukus" pour renforcer leur coopération dans la région indo-pacifique. Cette annonce a été surprenante à bien des égards : elle entraînera une prolifération nucléaire en partageant le savoir-faire technologique des sous-marins nucléaires avec l'Australie, qui à son tour se retire du “contrat du siècle” avec le NavalGroup français de 56 milliards d’euros pour les sous-marins conventionnels. Enfin, la France et l'Europe semblent ne pas avoir été informées à l'avance par leurs alliés, ce qui provoque également des remous au niveau des cercles diplomatiques. Après le récent retrait soudain des États-Unis d'Afghanistan, la France semble se tenir une fois de plus à l'écart des jeux de pouvoir géopolitiques.
Les cartes sont rebattues
Le moment a été bien choisi. Le jour où l'Europe a annoncé sa stratégie indo-pacifique et à la veille de notre participation à l'anniversaire de la bataille navale de la Chesapeake - moment essentiel de l’indépendance américaine - nous devons nous demander non seulement si nous mesurons le poids de nos liens transatlantiques en kilogrammes alors que nos partenaires calculent en pounds, mais aussi quel est notre rôle sur une scène géopolitique en pleine évolution.
Cependant, tandis que le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne pour se rallier sans tarder à ses alliés de longue date et à ses partenaires du Commonwealth, en s'efforçant de placer un pied dans l'Indo-Pacifique et l’autre sur le sol américain, nous devrions considérer notre position et nos objectifs plutôt à long terme.
Rappelons que plus de 1,6 million de citoyens français vivent dans la zone indo-pacifique - une région, où se trouvent également trois des quatre plus grandes économies hors de l'UE (la Chine, le Japon et l'Inde). C'est une région cruciale pour la stabilité et la paix mondiale : la France a défini par conséquent son objectif stratégique pour la région en 2018 en nous engageant à promouvoir un ordre multipolaire et stable. Il s'agit non seulement d'essayer de résoudre les crises régionales et de garantir la sécurité des routes maritimes, mais aussi de promouvoir les biens communs tels que la protection du climat, la biodiversité, l'éducation, les technologies numériques et les infrastructures. Avec l'alliance “Aukus” qui accroît les tensions dans l’indo-pacifique, notamment avec la Chine, ces objectifs deviennent plus importants que jamais.
Continuer à jouer la carte de l'Europe
Mais s'il y a une leçon à tirer de ces derniers mois, c'est que nous ne pouvons pas y arriver seuls. Ursula von der Leyen a souligné que la défense était une priorité dans son discours sur le SOTEU et a annoncé un sommet sur la défense l'année prochaine avec Emmanuel Macron. Prenons le geste comme appel à la création d’une politique militaire et étrangère européenne commune. La France a l'expertise dans ces domaines pour ouvrir la voie, mais il nécessite un effort pour plus d'Europe, et non pour plus de France en Europe. De même, la stratégie indo-pacifique de l'UE représente un cadre dans lequel nous pouvons apporter notre stratégie et nos intérêts et y travailler aux côtés de nos partenaires plutôt que seuls.
L’Union Européenne a été fondée sur l'idée de la coopération et des liens économiques, qui permettront de prévenir les conflits à l’avenir. Cette idée s'aligne fortement avec nos intérêts dans l'indo-pacifiques; pourquoi ne pas la transposer plus active au-delà d’Europe et faire d'un système économique mondial durable et équitable une caractéristique distinctive de notre politique étrangère européenne ? Cela nous permettrait d'avancer sur des sujets au sein de l'Europe - comme la taxe numérique actuellement en suspens au niveau européen en raison de la résistance des États-Unis ou une initiative pour la tarification du CO². Au lieu de partager le savoir-faire militaire et d'accroître le risque de conflits, définissons notre rôle mondial en partageant le savoir-faire et les technologies permettant de garder notre planète habitable.
Il y a une carte à jouer pour la France et l'Europe et nous pouvons définir son message avec nos partenaires - c’est la carte d’une Europe unie et fédérale avec une politique étrangère européenne fondée sur l'expérience de ses États membres. À cet égard, nous devrions remercier nos alliés de nous le rappeler, c'est à notre tour de jouer.
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Volt France est la branche française du mouvement politique paneuropéen Volt Europa, fondé en mars 2017 et présent dans tous les pays de l'UE. En 2019, Volt a récolté plus d'un demi-million de voix sur le continent aux élections européennes et a remporté son premier siège au Parlement européen. En 2021, Volt a remporté trois sièges au parlement néerlandais ainsi que de nombreux élus locaux en Italie, Allemagne et Bulgarie. Volt souhaite s'attaquer aux problèmes urgents tels que l’urgence climatique, les inégalités sociales et les crises économiques grâce à une Europe plus démocratique et unifiée.
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