Unie dans la (neuro)diversité

Paris, le 2 avril, 2021 - En ce mois de l’acceptation de l’autisme, Volt France souhaite présenter tout son soutien envers les personnes autistes (ainsi qu’à celle qui se questionnent ou qui sont en attentes de diagnostic) en ces temps difficiles où les vagues successives de confinement et de déconfinement altèrent les repères essentiels. Plus largement, Volt France présente également son soutien à l’ensemble des personnes handicapées.

A cette occasion, Volt France fait le constat amer du retard français s’agissant de la politique en matière de handicap, et plus grave encore, de sa persistance à ne pas engager de réformes en faveurs des droits humains, et à ne pas respecter ses engagements internationaux découlant de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. 

Il sera ainsi relevé que dans les rapports de l’ONU sur la situation du handicap en France, d’octobre 2017 et de mars 2019, ou plus récemment dans le rapport du Défenseur des Droits du 8 juillet 2020, de nombreux points de manquement de la part de la France sont présentés… Parmi les points les plus notables figurent l’absence de mesures en faveur de la désinstitutionnalisation.  A ce titre, Volt France, prenant compte de ces rapports, ne peut que condamner de tels lieux de privation de liberté qui sont une atteinte aux droits fondamentaux des personnes handicapées. 

En outre, il est nécessaire que la France inclut réellement les personnes handicapée dans la société, à commencer par les écoles : la place d’un enfant handicapé doit être dans une école ordinaire avec une assistance adaptée à ses besoins et dans le respect et la dignité de sa personne. Il en est de même pour les personnes adultes handicapées qui doivent dans la mesure du possible travailler en milieu ordinaire avec les aménagements et les aides adaptées. Pour celles qui ne peuvent pas travailler, ces personnes doivent bénéficier des moyens permettant de vivre avec décence, en veillant à ce que les démarches ne doivent pas être vécues comme humiliantes et infantilisantes et que ces aides ne soient pas conditionnées à ses choix de vie (par exemple, vivre en couple ou non). Il est à ce titre regrettable, qu’en l’état actuel, si peu d’effort n’a été effectué en ce sens. 

S’agissant de l’autisme, il est déplorable que l’État et la société français ignorent les premiers concernés par l’autisme, à savoir les personnes autistes. Volt France rappelle ainsi que rien ne peut se substituer à la parole d’une personne autiste (y compris celle ne pouvant s’exprimer à l’oral), pas même la parole de ses parents. Il est ainsi regrettable que la représentation des personnes autistes soit toujours aussi caricaturale dans les Arts, en oubliant que ces dernières peuvent également être des artistes et des interprètes ou encore que des associations de parents, des associations gestionnaires composées exclusivement de personnes non-autistes invisibilisent les actions et les paroles des personnes autistes, en dénigrant leurs demandes légitimes de respect de leur intégrité en tant que personnes autistes et non comme une personne altérée à réparer ou à soigner. 

Il convient d’insister sur la nécessité de respecter le consentement des personnes autistes (et plus largement de toutes personnes handicapées ou non) avant tout acte médical qui ne doit, par ailleurs, ni être dangereux, ni provoquer de souffrances, ni être déconnecté de l’état actuel des sciences. A ce titre, il est nécessaire de condamner toute atteinte à l’intégrité physique et psychique des personnes autistes faites aux moyens de pratiques non éthiques. Cette volonté toxique de vouloir conformer les personnes autistes aux attentes d’une société refusant de s’adapter à leur besoin est profondément validiste. Il sera, par ailleurs, rappelé que, dans son Atlas des Politiques, Volt condamne avec fermeté les thérapies ayant pour but la conversion de genre ou d’orientation sexuelle, et par analogie, elle ne peut que condamner également les pratiques ayant des objectifs similaires s’agissant des personnes autistes en les forçant à se comporter comme des personnes non-autistes (autrement nommées neurotypiques).

Enfin et plus largement, il est nécessaire que l’Etat et la société française soient plus responsables de l’inclusion des personnes handicapées en bâtissant un nouveau paradigme fondé sur le modèle social du handicap qui consiste à considérer que le handicap ne serait pas seulement le fruit d’une déficience individuelle, médicalement constatée, mais aussi déterminé par des limites dans l’organisation environnementale et sociétale. La France ne peut plus se contenter d’effets d’annonce et doit adopter des politiques ambitieuses sur le handicap et de lutte contre le validisme en s’inspirant notamment des meilleurs pratiques effectués dans les autres pays de l’Union (ou en dehors) tout en écoutant en priorité les premiers concernés.

Volt France, par cette prise de position, reconnaît l’importance de la parole des personnes handicapées qui est indispensable pour construire une société française et européenne plus bienveillante envers ces dernières.

Benoit Landreau, autiste, pour le Bureau de Volt France